L’Indonésie, Lucie y rêvait depuis longtemps mais on hésite à y aller car c’est encore la saison des pluies à ce moment-ci de l’année. On scrute la météo… orages et pluie à Bali tous les jours… par contre sur l’île de Sulawesi, un peu plus au nord, on nous dit qu’il pleut moins, qu’il y a peu de touristes et que la plongée est superbe. Notre amie France qui y est allée aussi en février il y a quelques années nous le confirme, c’est la fin de la saison des pluies, il peut pleuvoir un peu chaque jour mais sûrement pas toute la journée. Alors on se décide, nous irons à Sulawesi et nous attendrons à un prochain voyage en Asie pour découvrir Bali, Flores, Lombok etc. sous leur meilleur jour.
L’Indonésie est un chapelet d’îles, plus de 17 500 (dont 11 500 sont inhabitées) qui s’échelonnent sur un axe est-ouest et sur une longueur semblable à celle du Canada «from coast to coast». Les plus grandes îles sont Sumatra et Java, cette dernière abritant 50% de la population du pays qui compte 240 millions d’habitants, le 4e pays le plus peuplé au monde. La densité de population à Java est de 940 hab/km2 mais ailleurs, c’est beaucoup moins dense et l’intérieur des îles n’est que jungle et rizières. Ces îles sont d’origine volcanique comme en témoignent ses 129 volcans encore actifs; pas surprenant donc d’y observer un relief accidenté, la plus haute montagne culminant à 4 884 m à Papoua.
L’Indonésie, c’est aussi le plus grand pays musulman au monde, 220 millions d’indonésiens sont musulmans (88% de la population). En Indonésie, ce n’est donc pas le chant du coq qui nous réveille de bon matin mais celui du muezzin du haut de sa mosquée pour l’appel à la prière vers 4h45 le matin ! Pas besoin de réveille-matin en Indonésie, on est sûr de ne pas manquer son bus ou son avion ! L’islam pratiqué ici est «doux» et tolérant mais les femmes sont encore habillées des pieds à la tête malgré la chaleur parfois intolérable… non, non, nous disent les hommes, il ne fait pas chaud sous leur «capine» (comme Réal appelle leur foulard de tête). Les jeunes aiment bien savourer une bonne bière froide et griller une cigarette même si l’islam l’interdit mais, par contre, le porc reste absent du menu.
Même si le pays s’ouvre de plus en plus au monde extérieur et se modernise avec internet et la télé satellite ainsi qu’avec le grand nombre d’indonésiens qui vont travailler à l’extérieur, (surtout en Malaisie et à Hong Kong), même si les rues sont bondées de motos et que tous les jeunes ont le cellulaire à la main, l’Indonésie reste un pays pauvre avec près de la moitié de sa population qui survit avec un maigre 2 US$ par jour.
Nous voici donc à Sulawesi, dans sa capitale, Makassar, sur le bord de la mer, 1,6 million d’habitants. Rien de bien spécial à visiter à Makassar, il y a bien un ancien fort hollandais mais rien de spectaculaire. Le temps de s’organiser, de se munir de devises du pays, de masques-palmes-tubas et nous voici prêts à repartir. On nous offre bien quelques tours organisés mais, selon notre habitude, nous préférons partir seuls à la découverte du pays… enfin pas tout à fait seuls… On s’aperçoit vite que très peu de gens parlent anglais même dans les sites touristiques alors on s’imagine ce que ça doit être en campagne… les sulawesiens sont très sympathiques mais leur vocabulaire se limite à un sonore «Hello Sir!» accompagné d’un large sourire et notre «bahasa indonesia» pour le moment se borne à «selamat pagi», bonjour ! C’est donc avec plaisir qu’on accepte l’offre d’un jeune homme, Tasman, 20 ans, qui nous aborde avec un timide «May I help you sir ?» alors que nous cherchons notre chemin en ville. Tasman veut devenir officier de marine mais on lui a dit qu’il doit d’abord apprendre l’anglais; il a donc quitté son village de Masamba pour venir suivre des cours d’anglais à Makassar. Il se débrouille déjà fort bien après seulement 3 mois, il a les yeux vifs et intelligents, il nous plaît bien dès le premier coup d’œil. Son professeur, Mister Lala, un ex-guide touristique, encourage ses étudiants à aborder les touristes pour pratiquer leur anglais. Tasman insiste donc pour que nous rencontrions son professeur qui, de par son ancien métier de guide, se révèlera être une mine d’informations intéressantes pour organiser notre séjour à Sulawesi. De plus, Tasman offre de nous accompagner pour pratiquer son anglais et nous servir d’interprète et de guide. Il ne veut aucun salaire mais bien sûr, nous paierons son gîte et son couvert et nous lui offrirons un généreux pourboire à la fin voyage. Une belle occasion aussi pour lui de découvrir son pays !
Tasman et son professeur d'anglais «Mister Lala» |